ITER et le tritium : ils ne savent pas ce qu’ils font !

Le Collectif Antinucléaire 13 a alerté à de multiples reprises sur le danger principal du projet ITER : l’utilisation de tritium, élément radioactif qui présente des risques sanitaires inacceptables (1). Le tritium est de l’hydrogène radioactif. Il se combine facilement avec l’oxygène pour produire de l’eau tritiée radioactive. Cette eau tritiée a la « désagréable » propriété de pénétrer sans obstacle toutes les formes de vie, dont bien sûr le corps humain. La plus grande partie du tritium est éliminé assez rapidement, cependant une partie de cet élément est incorporée dans les molécules organiques du corps et peut irradier plus de 500 jours au cœur des cellules et causer de graves dommages aux molécules d’ADN.

 Le tritium est générateur de cancers et de nombreuses autres pathologies (cardiopathies, troubles neurologiques, cécités, maladies respiratoires). L’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) publiait en 2010, six rapports sur le tritium indiquant par exemple les besoins pour «une évaluation, dans des conditions réalistes d’exposition, des effets biologiques et sanitaires du tritium sur les organismes vivants ». Autrement dit, ils naviguent à vue…

 Le projet ITER utilisera environ 2 kilos de tritium. Pour mettre cette quantité « relativement faible » en perspective, on peut estimer le stock mondial actuel à 30 kilos. La dose mortelle pour cet élément est de 1 mg. Deux kilos de tritium peuvent ainsi tuer 2 millions de personnes, mais également servir à la fabrication de centaines de bombes H.

 De plus le tritium a la particularité de se diffuser par la moindre porosité. Il peut pénétrer le béton et la plupart des qualités d’acier s’il n’est pas recouvert d’un revêtement spécial, non déterminé à ce jour comme nous allons le voir.

 On aurait pu croire en effet que la manipulation d’un élément d’une telle dangerosité ait fait l’objet de toutes les précautions et de toutes les anticipations au sein d’un projet international de l’envergure d’ITER. Alors que les débats et enquêtes publics ont déjà eu lieu, que les travaux sont largement avancés et que des sommes colossales ont déjà été englouties, nous apprenons qu’il n’en est rien.

 Un article apparemment anodin, gaiement illustré par la photo d’une céramique, paru sur le site de EFDA (European Fusion Development Agreement) le 25 mars 2013 explique au contraire que les grands experts internationaux de la fusion, incapables de proposer une solution pour tenter de confiner l’incontrôlable tritium au sein des méandres d’ ITER, s’en remettent à défaut, aux techniques de la céramique japonaise traditionnelle, c’est à dire applicables à ce jour à la taille d’un bol… (2)

 Nous y apprenons également que « Si ce problème n’est pas résolu, il sera impossible de faire fonctionner un réacteur de fusion ».

 Les opposants à ITER, dont nous sommes, pourraient se réjouir que ce projet ne voit jamais le jour, si nous ne savions avoir été scandaleusement mis devant le fait accompli, cobayes aux mains de quelques scientifiques dont on comprendra bien à la lecture de l’article ci-dessous, qu’ils ne savent pas ce qu’ils font.

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(1) voir nos articles sous la catégorie cadarache/iter

(2) www.efda.org/2103/03/tritium-permeation/

Traduction de l’article depuis l’anglais non contractuelle par nos soins, les mises en caractère gras également :

« La fusion puise dans les traditions japonaises

 Les Japonais ont depuis longtemps créé des céramiques d’une grande beauté et d’une grande délicatesse . Aujourd’hui, ils mettent leur savoir-faire au service de la recherche de matériaux pour les futurs réacteurs de fusion – non pour produire d’élégantes formes artisanales, mais pour créer des solutions délicates : les céramiques sont quasiment étanches au tritium.

 Dans un colloque tenu à JET la semaine dernière, Takumi Chikada, professeur associé de l’université de Tokyo, a esquissé les progrès prometteurs dans la recherche sur la glaçure des céramiques : l’oxyde d’erbium, qui pourrait se révéler d’une importance vitale en tant que revêtement sur les canalisations et circuits contenant du tritium. « Si ce problème n’est pas résolu, il sera impossible de faire fonctionner un réacteur de fusion », a-t-il déclaré.

 De par sa très petite taille, le tritium a tendance à pénétrer facilement dans les matériaux – une caractéristique peu souhaitable dans une centrale de traitement du tritium, où le tritium serait exposé à des surfaces importantes lors de son passage dans les circuits de refroidissement, de traitement et autres.

Communiqué du Collectif Antinucléaire 13

 Les conclusions du professeur Chikada ont montré qu’une couche d’oxyde d’erbium de seulement quelques dizaines de microns d’épaisseur appliqué à une surface en acier, pourrait réduire la pénétration du tritium 100 000 fois. L’oxyde d’erbium a été initialement choisi comme revêtement pour sa haute stabilité thermodynamique et sa résistance au lithium/plomb liquide – couverture pressentie pour les centrales à fusion, et corrosif à l’égard de nombreux matériaux.

 D’autres matériaux étanches au tritium sont également à l’étude, par exemple au Karlsruhe Institute of Technology (KIT) qui effectue des recherches sur l’oxyde d’aluminium. Il n’apparaît pas clairement quel revêtement sera finalement le plus approprié – l’oxyde d’erbium et l’oxyde d’aluminium ayant chacun leurs avantages, mais les expériences à ce jour ont été réalisées sur de petits échantillons, qui peuvent être susceptibles de s’écailler si le procédé de fabrication n’est pas adéquat. De plus des irrégularités dans la structure des cristaux d’oxyde sont susceptibles d’ouvrir des brèches dans lesquelles le tritium peut s’infiltrer.

 « Le processus de développement des méthodes confinement en laboratoire est pavé d’embûches », selon le Dr Wolfgang Krauss du KIT. «  Nous devons garantir la qualité (pas de défauts, une surface lisse, etc .) et tester les revêtements sous irradiation. De plus nous devons toujours tenir compte de la pertinence industrielle. »

 Néanmoins, alors que les techniques de fabrication s’améliorent et sont expérimentées sur différents revêtements dans des matériaux divers, il est vraisemblable qu’une bonne solution sera découverte, et nous pouvons être confiants dans le fait que le tritium ira là où nous voulons qu’il reparte – dans le tokamak    ! »