Projection – débat : “Bons baisers de Moruroa” en présence du réalisateur Larbi Benchiha

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Projection /débat le samedi 27 Janvier – 16h30 – à Grain de Sel – Séné

Un tiers du personnel ayant participé aux essais nucléaires dans le Pacifique était breton. Vingt ans après leur arrêt, force est de constater que les personnes exposées aux tirs et leurs descendants paient encore un lourd tribut. Larbi Benchiha nous emmène à leur rencontre dans ce documentaire.

Par Catherine Deunf (1)

“Bons baisers de Moruroa”, dès les premières images, ce titre vous cueille comme un uppercut. Le baiser en question serait un champignon atomique ? À peine remis, une deuxième claque vous rattrape à travers le témoignage d’André Potin, un de ces sacrifiés du nucléaire français :

 

On pouvait regarder le champignon. C’était magnifique à voir. C’était beau à voir. Vous êtes en admiration devant un truc comme ça !

Le réalisateur de ce documentaire, Larbi Benchiha, le reconnaît : “Ce titre, c’est un clin d’œil. Ils sont partis là-bas comme s’ils partaient en vacances. C’était la belle vie, ils étaient bien payés “. Ils, ce sont ces jeunes Bretons partis en Polynésie , fiers de travailler à la grandeur de leur pays en participant aux essais nucléaires français. ” Moi, j’y croyais beaucoup, servir mon pays “, ajoute André Potin.

Extrait doc Bons baisers de Moruroa_début

 

Entre 1966 et 1996, la France a effectué 193 essais nucléaires à Mururoa et Fangataufa en Polynésie française. Quarante-six ont même été réalisés sans aucune protection et dans l’atmosphère, c’est-à-dire en plein air. 150 000 personnels civils et militaires y travaillaient, un tiers d’entre eux était breton. Les retombées radio-actives ne les ont pas épargnés, comme elles n’ont pas épargné la population polynésienne locale.

On est dans une époque où tout est connu sur la toxicité des rayonnements ionisants, explique le docteur Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé à l’INSERM (institut national de la santé et de la recherche médicale). Les essais nucléaires, “ceux qui les ont organisés, étaient complètement conscients des risques.”

Hypocrisie

Alors lorsqu’on (re)voit ces archives, où le général de Gaulle, en visite àTahiti pour assister à des essais nucléaires, déclare : “La Polynésie a bien voulu être le siège de cette grande organisation destinée à donner à la puissance française le caractère de dissuasion (…)”, on prend la mesure de l’hypocrisie des décideurs de l’époque. D’autant plus que l’Etat savait la population autochtone génétiquement fragile à cause de la consanguinité sur les atolls. Mais une fois l’Algérie indépendante en 1962, il fallait bien trouver un autre terrain d’essais pour tenir le rang de puissance nucléaire tant revendiqué par la France.

De générations en générations

Vingt ans après l’arrêt des essais nucléaires, décidé par Jacques Chirac en 1996, Larbi Benchiha a retrouvé des témoins de l’époque. C’est leur histoire qu’il raconte. Une histoire faite de souffrance, de maladies, de handicaps, de stérilité, d’enfants mort-nés. Le cancer en a frappé plusieurs : certains sont encore en vie, d’autres non. Certains ont transmis à leur decendance des malformations ou des maladies dûes à des mutations génétiques. Des mutations génétiques, véritable épée de Damoclès pour ces familles, puisqu’elles peuvent apparaître plusieurs générations plus tard.

Reconnaissance

En 2011, le délégué à la sûreté nucléaire de la défense, Marcel Julien de la Gravière, a déclaré qu’il fallait accepter que Mururoa et Fangatanta soient irréversiblement perdus, c’est-à-dire définitivement inhabitables. Aujourd’hui, les victimes des essais nucléaires français, réclament une reconnaissance de maladie professionnelle et des indemnités compensatrices. Deux témoins du film sont décédés depuis le tournage, André pottin et Charles-André Fischer. Ce film leur est dédié.

Bons baisers de Moruroa : un film de Larbi Benchiha.
Production : Aligal production et France Télévisions.

(1) SOURCE : https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/emissions/la-france-en-docs-0/bons-baisers-moruroa-consequences-essais-nucleaires-925409.html

27 juin 2001

Reportage consacré aux démarches entreprises par 150 vétérans pour réclamer une loi reconnaissant un lien entre certains types de cancer et leur participation aux essais nucléaires auxquels la France a procédé. Interviews de Roland WEIL, vétéran des essais nucléaires au Sahara, d’Abraham BEHAR, biophysicien, radiobiologiste, Ecole de Médecine de Paris, de Florent VATHAIRE, auteur rapport sur l’incidence des cancers en Polynésie, et de Bruno BARRILLOT, “Ami” des vétérans, Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits, alternant avec un commentaire sur des images d’archives, factuelles et des banc-titres.[Source : documentation France 3] Préparation du premier essai nucléaire français en 1960 au Sahara : 5 000 personnes sont présentes dans les 40 km, dont Roland Weil qui fut opéré de la thyroïde en 1987. L’armée ne reconnait aucune responsabilité et refuse le principe de présomption d’origine. Après les essais dans le Pacifique, de nombreux soldats développeront des maladies suspectes : l’armée n’établit toujours aucun lien Une étude britannique montre que au moins 1/3 vétérans est décédé avant l’age de 60 ans, 1/7 n’a pas pu avoir d’enfant … La France a procédé à 210 essais nucléaires : officiellement, il n’y a pas eu de victime ! 150 vétérans se sont regroupés en association pour réclamer une loi qui reconnaise le lien entre certains types de cancers et leur participation à ces essais. Images d’archive INA